Alors qu’un nombre non négligeable de GN se situe dans un univers Médiéval Fantastique, nous sommes plusieurs à nous être inscrits au GN « Le Sang des Héros 2 », organisé par l’Association GN&Fantasy, qui se tiendra près de Reims fin juillet 2018. Celui-ci se déroulant en l’an 150, en plein apogée de l’Empire Romain.
Ce GN s’articule autour de la gladiature, avec tout un système de lutte d’influence entre différentes écoles de gladiateurs. De plus, une délégation du Sénat sera présente pour juger les différends et alors que l’Empereur Domitien, tout juste nommé, doit encore fait ses preuves … Un GN qui promet nombre de complots, trahisons et autres coups bas.
C’est dans cette ambiance festive que j’incarne l’un des sénateurs présents. Nous voici donc partis pour l’une de mes phases préférées dans la préparation d’un GN : la conception du costume !
Commençons par quelques recherches :
Le costume d’un Sénateur Romain se compose principalement de deux éléments :
- Une tunique, qui descend jusqu’aux genoux (bien que certaines sources la décrivent comme pouvant aller jusqu’aux chevilles), avec ou sans manches. La tunique des sénateurs a la particularité d’être ornée de laticlaves, des bandes pourpres verticales au niveau des épaules. Pour ma part, je décide de faire une tunique s’arrêtant aux genoux, avec manches.
- La toge, pièce de vêtement que seuls les citoyens romains peuvent porter. Il existe différents types de toges, qui se distinguent par leurs couleurs. La toge des Sénateurs, ou toge prétexte, est une toge blanche ornée d’une bande pourpre parallèle au bord. La forme et la longueur des toges ont grandement évolué au court de l’histoire romaine, allant du simple carré de tissu, au demi-cercle, ou à des formes plus complexes pouvant atteindre 6 mètres de long pour 3 mètres de haut. Je pars donc sur une toge de 9 mètres de long, afin d’avoir un certain volume et un beau drapé, sur une hauteur de laize classique : 1,4 mètre. Concernant sa forme, par souci de simplicité, je décide de partir sur un trapèze.
Le choix des tissus
De manière générale, pour mes costumes, j’essaye au maximum de me tourner vers des matières naturelles, qui ont l’avantage de mieux respirer et de ne pas fondre en cas de feu, des atouts non négligeables en GN.
C’est donc tout naturellement que je me tourne vers le lin pour la tunique, en prenant garde à le prendre plutôt opaque. Cette matière très légère présente un aspect tissé caractéristique, très intéressant pour les costumes de GN. Je repars du Marché Saint-Pierre, à Paris, avec un coupon de 3m de tissus.
Pour la toge, j’apprends au cours de mes recherches qu’elle est classiquement en laine.
Le GN ayant lieu en juillet, j’avoue être peu enthousiaste. Cependant, je sais que le lin n’est pas un tissu assez lourd pour offrir naturellement un beau drapé.
Qu’à cela ne tienne, je me lance en quête d’un lainage froid, léger…
Après avoir écumé le marché Saint-Pierre, les destockeurs et internet, je dois reconnaître mon échec… Aucun lainage n’offre un compromis intéressant entre chaleur, tombé et prix. Je me mets donc en quête d’une solution palliative (NDLR : Terme choisi sciemment par l’auteur).
C’est dans le rayon ameublement (j’aime le rayon ameublement, l’un des meilleurs endroits pour trouver des tissus de costume !) que je tombe par hasard sur un coton lourd, ne tenant pas excessivement chaud et à un prix abordable ! Dans mon enthousiasme, je repars avec 18 mètres et le rouleau (je dois faire deux toges …).
La question des bandes a été à l’origine d’autres sorties sur le Marché. Naturellement, je n’ai pas trouvé de tissus comprenant des bandes pourpres déjà tissées. Il me faut donc les rajouter. Toujours par simplicité, je me tourne vers les rubans, qui ont l’avantage d’avoir des bords déjà finis.
Trouvant les rubans de satin trop brillants, je choisi un ruban de sergé de coton, pourpre, qui a l’avantage d’être mat et de faire apparaître son tissage. J’en prends 10 mètre en largeur 3,5 cm (pour les tuniques) et 20 mètres en largeur 5 cm (pour les toges).
Couture de la tunique
Il s’agit d’un costume des plus simples, étant donné qu’il se compose uniquement de 4 rectangles :
- l’avant, un rectangle de 75 cm sur 110 cm
- l’arrière, de même
- les deux manches, deux rectangles 30 cm sur 70 cm
Les mesures ont été choisies après quelques tests (la toile à drap ou l’intissé sont parfaits pour cela) afin d’obtenir une tunique suffisamment ample pour permettre facilement les mouvements (n’oublions pas que ce costume doit servir en GN).
Une fois les rectangles coupés, on découpe l’encolure dans la pièce avant, en pliant la pièce en deux sur le milieu et en coupant un demi cercle assez large. Je choisis de commencer mon encolure à 22cm du bord. Vous pouvez vous aider en marquant l’encolure à la craie de couturier.
On surfile les bords pour éviter qu’ils s’effilochent. Pour cela, on peut utiliser une surjeuteuse ou, pour ceux qui n’en disposent pas comme moi, utiliser un point zigzag large sur le bord du tissu.
On coud ensuite les laticlaves des deux côtés sur l’avant et l’arrière. J’ai choisi de les coudre à 15 cm du bord, en point droit, le plus près possible du bord du sergé de coton. On sécurise ensuite les bords par un point zigzag après avoir coupé le sergé au plus près des bords des tuniques.
Les pièces étant prêtes, on peut attaquer la couture à proprement dite.
On commence par coudre les épaules entre elles, après avoir épinglé l’avant et l’arrière bord à bord, endroit contre endroit, en faisant bien attention à ce que les laticlaves avant et arrière soit bien en phase l’une de l’autre. On coud ensuite au point droit des épaules jusqu’à l’encolure. On repasse ensuite à plat les coutures.
On prépare ensuite le col. Plusieurs méthodes sont possibles : un repli du tissu vers l’intérieur, mise en place d’un biais, une parmenture… Je choisis ici de me lancer dans cette dernière, un petit défi, étant donné que je n’en ai jamais fait.
Pour faire une parmenture, je reprends la chute de la découpe de l’encolure, elle me servira de patron. À partir de cette dernière, je coupe une bande à 4 cm et je la prépare en repliant et en cousant le bord libre sur 5 mm.
Je couds ensuite au point droit la parmenture le long de mon encolure, endroit contre endroit. Afin qu’elle se mette facilement en place, je souspique cette couture (pour plus de précision sur cette technique, suivre ce lien !)
Je termine en faisant une surpiqûre le long du col pour tenir la parmenture en place.
La partie la plus compliquée de la tunique est terminée !
On fixe les manches, après avoir repéré le milieu, sur la ligne des épaules, toujours endroit contre endroit, au point droit. On repasse ensuite les coutures à plats.
On épingle les manches ensemble, ainsi que l’avant et l’arrière. Je choisis d’arrêter la couture à 22 cm au dessus du genou, afin de fendre la tunique et de garder de la mobilité. On coud ensuite, toujours au point droit. On repasse ensuite les coutures.
Ne reste plus qu’à finir les manches et le bas de la tunique, à l’aide d’un double rentré sur 1 cm.
Et voilà pour la tunique, qui peut se porter seule, avec une ceinture plus ou moins ornementée selon votre classe sociale.
Couture de la Toge
Il s’agit d’une couture encore plus simple que la tunique. Le seul ennui ici est la longueur du tissu. C’est le propre poids du tissus (d’autant plus ici, sur un tissu choisi pour cela) qui va rendre la couture difficile. Un conseil donc, stockez le tissu à coudre sur vos genoux, afin de diminuer la tension du tissu sous son propre poids. De même, essayez d’avoir un espace derrière votre machine où le tissu pourra s’accumuler sans se tendre. Un tissu trop tendu à l’arrière risque de l’entraîner trop vite sous la machine, et donc d’élargir les points. À contrario, un tissu trop tendu à l’avant de votre machine va raccourcir les points et faire faire du surplace à votre machine.
On commence par découper la forme de notre toge. Dans mon cas, il s’agit de retirer un triangle de part et d’autre du tissu.
On surfile ensuite les bord comme précédemment, au point zigzag. Si vous avez choisi un tissu avec une laize de 140 cm vous pourrez peut être en conserver les bords si la finition vous convient. Ayant choisi un tissu de 280 cm recoupé, je dois pour ma part surfiler tous les bords découpés.
On fait un retrait de 3 à 5 cm tout le long du tissu, en essayant d’être le plus régulier possible. J’ai personnellement commencé par les deux parties obliques avant de coudre la partie horizontale, ce qui me permet d’avoir la même pliure aux angles.
On fixe ensuite le sergé de coton. Afin de masquer la couture précédemment faite, je choisis de mettre le bord du sergé chevauchant le bord surfilé que l’on vient de coudre. Ainsi il n’y aura aucun bord libre visible. Pour l’angle, abaissez votre aiguille, levez votre pied de biche et positionnez le ruban libre de manière à former un bel angle avant de continuer.
Prenez garde à bien tendre le tissus et le ruban, sans excès, pour éviter les plis sous le sergé. N’hésitez pas à le fixer à l’aide d’aiguilles au besoin.
Pensez à replier l’extrémité de votre sergé sous votre sergé, avant de le coudre, cela permettra d’avoir un beau fini qui ne va pas s’effilocher.
Il ne reste plus qu’a enfiler votre toge !
Pour cela, un petit tuto du Musée Gallo Romain de Saint Gal ici !
Pour ma part, je finis en sécurisant le tout par une fibule sur l’épaule, GN oblige. Il ne reste plus qu’à briller en Sénateur !
Jvi
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